« En 2009, j'ai enregistré "Present", mon premier solo. J'ai improvisé pendant 2 heures dans un studio en laissant la musique me guider. Peu à peu au cours de l'enregistrement, j'ai découvert une facette de ma musique que j'ignorais. Au cours des 3 dernières années, j'ai apprivoisé peu à peu ce nouveau langage. L'idée traînait dans ma tête d'une suite à "Present". Peu à peu, entre deux tournées, j'ai enregistré quelques morceaux à l'aide d'un magnétophone à bandes, sans aucune contrainte ni exigence. La seule chose qui m'importait était de jouer une musique sincère et libre. Je voulais être proche de la matière sonore, d'une émotion brute, primaire. Il était important pour moi que le son reste le plus simple possible, sans traitement et sans montage. La musique de ce disque est comme une photo captant la vérité nue d'un instant. »
Alexandre Saada


« Aujourd'hui, l'industrie photographique nous offre de merveilleux appareils avec toujours plus de filtres et de perfectionnements pour toujours plus d'images surprenantes, impressionnantes, stupéfiantes et avec toujours plus d'effets. Ces images sont lisses, propres, elles sont parfaites. Ne nous trompons pas, au travers de ces images et aveuglés de technologie, ce sont les effets que l'on nous propose que nous jugeons. C'est peut-être ce qui explique le retour de beaucoup aux pratiques photographiques artisanales. Ces pratiques par leur spontanéité nous offrent d'autres possibilités qui en plus de l'artisanat incluent la surprise, l'inattendu mais aussi le choix du risque, de l'erreur et de l'humilité. Dépourvues d'effets, ces pratiques replacent avec évidence l'œuvre photographique comme nécessité et offrent au regard une vision proche de l'émotion…

Signe de notre époque, le parallèle avec le monde du son devient évident.

Tous ces enregistrements qui plus blanc que blanc nous amènent au plus près de la perfection, ou chaque son est gommé, retouché, redessiné, tous ces enregistrements qui placent la prouesse technique bien au-delà de l'œuvre elle-même restent pour moi de véritables curiosités.
Aux antipodes de cette approche technologique il existe des artistes pour qui l'émotion prime. Le geste est simple et la modestie de leur œuvre confère une émotion évidente. Nul studio high-tech, ni technicien. Seuls chez eux, ils enregistrent. A ce prix, c'est la création qui prédomine et à l'écoute, tout atteste de ce manifeste.

Alexandre a fait ce choix, ses enregistrements s'en ressentent et le bonheur de comprendre son œuvre, aussi modeste soit elle, est en soit un trésor. Sa musique vit et s'anime au rythme de son souffle et de tous ces petits détails qui sont la vie. L'un après l'autre les morceaux s'enchainent comme autant de gymnopédies laissant entrevoir une humanité bien réelle et témoignant d'un voyage intime mais bien réel. Certains y verront une rupture, je n'y vois que la continuité d'un art éternel.
Merci Alexandre. »
Eric Marais, artiste photographe


Lors de ses nombreuses tournées aux côtés de «Malia» ou de «Martha Reeves», icône du label Motown, le pianiste Alexandre Saada nourrit une passion pour la photographie. Il capture sur des pellicules souvent périmées les lumières des paysages traversés et les visages des gens croisés entre deux concerts. Parallèlement il enregistre chez lui à l'aide d'un magnétophone à bandes de nombreuses pistes improvisées. A l'instar des photos prises sur la route, ces improvisations enregistrées esquissent les contours d'une nouvelle esthétique artistique et musicale. Le pianiste regroupe alors ces pistes en deux Suites et les conserve tel qu'elles ont été jouées, sans retouche, sans mixage, sans maquillage. Alexandre Saada nous livre ainsi ses improvisations dans leur essence la plus authentique.